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Panneau médiéval de l’agneau mystique
C’est à l’occasion d’une vente aux enchères que j’ai été contacté pour restaurer un panneau fort ancien. Si l’on se fie à l’étiquette ancienne collée au dos du panneau, il serait du 14ème siècle et d’origine française. Au centre, l’agneau symbolise le Christ. Le sens des figures dans les lobes n’a pas été établi avec certitude, mais semble confirmer la période. L’étude préalable a permis d’évaluer l’authenticité et les interventions antérieures, de comprendre l’état matériel et de localiser les dégâts. Sur cette base et en concertation avec le propriétaire, un concept d’interventions minimales a été défini : dépoussiérage, consolidation des anciennes réparations, collage des nouvelles fêlures, consolidations ponctuelles du réseau de plomb. Des anciennes retouches sur des éclats, lacunaires, ont été remplacées. Les marques de l’ancien propriétaire, notamment l’étiquette, a été conservée. Remerciements à Yvette Vanden Bemden et Isabelle Lecoq, membres du Comité Wallon pour le Vitrail, pour leurs avis éclairés.
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Eglise de la Sainte-Famille à Mouscron
Le chantier concerne les trois verrières du chevet de l’église. En plus des figures de la sainte famille, les vitraux représentent des saints, probablement associés aux donateurs. La restauration a mis en évidence la signature du peintre-verrier Brugeois Coucke et la date de la réalisation en 1904. Pour la majorité des panneaux, les pièces et le réseau de plomb étaient d’origine. Une vingtaine de pièces ajoutées lors d’interventions antérieures non documentées semblaient suffisamment bien intégrées dans l’ensemble pour être conservées. Seules trois pièces ajoutées non-conformes ont été remplacées. La surface extérieure, fortement encrassée par des dépôts de pollution, a été traitée par un nettoyage chimique. La méthodologie a été élaborée pour s’assurer de son innocuité sur les vitraux. L’examen sur site au moment de la dépose a mis en évidence certains facteurs de dégradation : resserrage excessif, dégradation de l’armature, déformation des panneaux, absence de plombs de bord et verres de bords grugés. L’examen approfondi en atelier a montré que la surface irrégulière des pièces était également en cause. Dans un esprit d’authenticité, la quasi-totalité des pièces endommagées ont été conservées et consolidées par collage. L’état satisfaisant des peintures ne justifiait pas d’intervention. Les signes les plus manifestes de la dégradation des panneaux étaient des déformations importantes et des plombs fissurés. La cause des déformations pouvait être liée à la pression du vent ou à la pression de l’air chaud provenant de l’intérieur de l’édifice. En outre, les panneaux ont pu être déformés à l’origine pour faciliter la pose de panneaux trop larges pour l’ouverture. En atelier, les panneaux ont été redressés par une charge adaptée. Les interventions sur les plombs visaient à concilier la conservation du plomb d’origine et la pérennité du vitrail dans son ensemble. Pour résoudre le problème de dimensionnement et faciliter la pose, la largeur des filets extérieurs a été réduite. Suivant le cahier de charges et en cohérence avec les protections des vitraux de la nef, une protection en polycarbonate a été placée. La restauration de la 3ème verrière a bénéficié de la collaboration de Emilie De Battista, vitrailliste suisse, en stage de perfectionnement à l’atelier. Pour réduire les frais liés aux déplacements et minimiser notre impact écologique, nous avons opté pour un hébergement sur place. Remerciement au gite «vert autre chose» pour son accueil.
Image : vitrail au nord du chevet : Ste Marie en haut – Ste Barbara en bas
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Vitrail Art Déco à Binche
Joyeusement connue pour son carnaval, la ville de Binche mérite de l’être également pour son patrimoine en vitrail, témoin de l’expansion économique et urbanistique de la ville au début du XXème siècle. Situé à l’arrière d’une charmante maison proche du centre-ville, ce petit trésor d’art décor se pare de différents verres texturés colorés et de verres biseautés. Le panneau présentait plusieurs pièces manquantes, endommagées ou remplacées de façon non-conforme lors d’une restauration précédente. De plus, le panneau, remis sous plomb lors de celle-ci, était fortement déformé et instable. Le défi pour la restauration des vitraux art déco est souvent de retrouver des verres qui ne sont plus produits à l’heure d’aujourd’hui. Nous avons trouvé des solutions en réfléchissant en équipe et faisant de nombreux essais. Les verres biseautés ont été reproduits par rodage et polissage. Pour le verre texturé jaune pâle, nous avons coloré un verre texturé blanc avec du jaune d’argent. Pour les verres fêlés, la technique dite « Tiffany » au moyen d’un ruban de cuivre étamé a été préféré au collage pour limiter l’impact visuel de la fêlure. Vu l’état instable et irrégulier du réseau de plomb, le remplacement s’est avéré inévitable. En l’absence du plomb d’origine, les profils ont été choisis et agencés en cohérence avec le vitrail situé en imposte de la porte d’entrée, de façon à mettre en valeur la composition tout en assurant la stabilité du panneau. Une vergette a été forgée suivant le motif central pour renforcer le panneau sans dénaturer la composition. Ce projet de restauration a été mené en collaboration avec Emilie De Battista, vitrailliste stagiaire d’origine suisse, dans un souci de partage et de transmission.
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vitrail Art Nouveau à Wolluwe-Saint-Pierre
Ce vitrail décore magnifiquement une porte intérieure de la maison. Si celle a été construite en 1906, il n’est pas certain que le vitrail ait été placé dès l’origine. En revanche, il n’y a pas doute sur son authenticité. L’Art Nouveau s’exprime ici avec maîtrise et grâce. Observez les différentes nuances des feuilles, les courbes des tiges, la texture du fond,.. un régal pour les yeux. Sur le plan de la conservation, la taille de ce type de panneau est souvent leur talon d’Achille. Il comportait en effet une forte déformation du réseau de plomb dans le bas, entrainant la brisure de plusieurs pièces. De plus, situé dans un lieu de passage, un choc n’était pas exclu. En concertation avec le propriétaire, les pièces avec fêlures multiples ont été remplacées à l’identique pour des raisons esthétiques. Les pièces avec une simple fêlure ont été consolidées par collage et avec une ailette de plomb pour une meilleure intégration visuelle. Le réseau de plomb d’origine a été redressé et consolidé. Comme en témoignent les conférences, les visites et les salons d’art, le patrimoine Art Nouveau-Art Déco fait l’objet d’une reconnaissance grandissante à Bruxelles.
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Hôtel Hannon, à Saint-Gilles
Cet hôtel particulier a été construit de 1903 à 1904 par l’architecte Jules Brunfaut pour Edouard Hannon, ingénieur de la firme Solvay, photographe et amateur d’art. Les façades et la décoration intérieure en font un patrimoine majeur de l’Art Nouveau. Abandonné, vandalisé, menacé de démolition, il est heureusement racheté par la Commune, classé, restauré et réaffecté en salle d’exposition de photographies. La restauration du vitrail du 1er étage de la façade avant prend place dans le contexte de sa réaffectation en Musée sous la direction du bureau d’architecture ORIGIN. Sur les trois panneaux, seul un panneau latéral est d’origine. Les deux autres, disparus, ont été restitués dans les années 1980. Malgré son installation récente, le panneau central montrait une déformation importante du fait de sa taille. Après dépose, le panneau a été redressé, le réseau de plomb a été consolidé et le système de soutien a été optimisé. Le panneau latéral d’origine a été également déposé pour procéder à une maintenance générale. Ce projet a été effectué en sous-traitance pour l’entreprise de menuiserie MAM, avec la participation d’Emilie De Battista, stagiaire suisse.
Image : panneau d’origine à gauche
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Projet pédagogique en vitrail
Le patrimoine n’est pas uniquement tourné vers le passé, mais également vers le futur. Dans cette perspective, le Centre de perfectionnement des métiers du patrimoine développe une pédagogie à projet dans les classes d’éveil destinées au public scolaire. Celle-ci encourage l’implication des élèves, des professeurs et de l’artisan-formateur dans les différents stades de la création. Parmi tous ces projets méritants, je présenterai ici celui de la classe de 7ème professionnelle en publicité de l’école Sainte-Marie à Saint-Gilles. Le projet consistait à concevoir un vitrail, à le réaliser et à l’installer dans leur classe. Celui-ci s’est déroulé en 3 phases. Avant le stage, l’emplacement du vitrail a été défini et les mesures ont été prises. Les étudiantes ont entrepris un reportage photo au jardin botanique et réalisé des esquisses. Une esquisse a été sectionnée par la classe et imprimée à la taille réelle. Lors du stage, elles ont d’abord été initiées aux techniques de base de la coupe du verre et de la mise en plomb. Ensuite, les étudiantes, les professeures et l’artisan-formateur se sont concertés pour transposer l’esquisse en vitrail. Vu la taille de la baie, la composition a été divisée en 8 parties et le tracé a été légèrement ajusté. Les couleurs ont été choisies sur base des échantillons de verre. Enfin, chaque étudiante a pris en charge la réalisation d’un des 8 panneaux. Témoignant de l’application, de la persévérance et de la solidarité, elles ont relevé le défi avec brio et mené à bien le projet dans un délai relativement court. Après le stage, Frédéric Praillet, agent technique de la Paix-Dieu, a réalisé le châssis métallique et posé les vitraux sur place. Félicitations à Lyne, Malina, Tamara, Klaudia, Kyrria, Lucie, Mélissa, Rania et leurs professeures.
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